jeudi 26 novembre 2020

Lettre ouverte aux élus - Itinérance et logement social sur l’île de Hull, un appel à l’action

 


Gatineau, 26 novembre 2020

 

À :

Monsieur Greg Fergus, Député de Hull-Aylmer (Canada),

Monsieur Ahmed Hussen, Ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social et Ministre responsable de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (Canada),

Madame Maryse Gaudreault, Députée de Hull (Québec),

Monsieur Mathieu Lacombe, Ministre responsable de l’Outaouais (Québec),

Monsieur Lionel Carmant, Ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux,

Madame Andrée Laforest, Ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (Québec),

Monsieur Maxime Pedneaud-Jobin, Maire de la Ville de Gatineau,

Monsieur Cédric Tessier, Conseiller municipal du district Hull-Wright (Gatineau),

Madame Renée Amyot, Présidente de la Commission Gatineau, Ville en santé,

 

Objet : Itinérance et logement social sur l’île de Hull – appel à l’action

 

Messieurs, mesdames,

               Chaque année, l’imminence de l’hiver ravive l’inquiétude à propos de nos concitoyenNEs en situation d’itinérance. Les membres du conseil d’administration de l’ARIH sont solidaires envers elles et eux. Comme nous l’avons exprimé plus tôt en début d’année lors de deux prises de position publiques, notre volonté de contribuer au mieux-être de l’ensemble des résidentEs de notre quartier ne modère pas.

L’Association des Résidants de l'Île de Hull ne possède pas les ressources pour enrayer les problèmes liés au manque criant de logement social et à l’itinérance à Gatineau. Par contre, le bien-être de l’ensemble des résidentEs de l’île de Hull, incluant les personnes en situation d’itinérance, est la priorité principale de l’ARIH. Ainsi, notre mission consiste à aider à faire progresser les opportunités, à sensibiliser la population et à convier à l’action les personnes actrices du politique afin de contribuer au mieux-être de l’ensemble de nos concitoyenNEs. Le but de cette nouvelle intervention de notre part est de renouveler notre appel à l’action, une action concertée.

Un peu de contexte

1)     L’urgence d’agir : nous reconnaissons qu’il y a une crise en itinérance et en logement social qui provient de décennies de coupures, de manque de soutien et d’absence d’investissements. Nous reconnaissons aussi l’existence d’autres problèmes structurels préexistants qui amplifient ces crises, notamment en lien avec les inégalités sociales, l’impact de la spéculation immobilière sur l’abordabilité des logements, la santé mentale et l’isolement social.

2)     L’effet pandémie : La crise de santé publique que nous vivons avec la pandémie de COVID-19 frappe plus durement les populations vulnérables en plus d’aggraver la précarité pour davantage de personnes.

3)     Le droit au logement et le droit à la santé: Ces droits sont consacrés par divers instruments de droit international qui sont ratifiés par le Canada et le Québec. Or, il appert que ces droits ne sont pas respectés dans le contexte actuel. Le Gîte ami et le refuge d’urgence Guertin sont fréquemment pleins. Alors qu’ils sont considérés comme des options de dernier recours par la Ville de Gatineau et le CISSSO, il n’y a aucune autre alternative pour les personnes qui s’y voient refuser l’accès pour raison de manque de places. Avec l’hiver qui approche et les températures qui descendent sous zéro la nuit, la situation actuelle est complètement inacceptable. Qui plus est, ces personnes en situation d’itinérance ne jouissent pas du meilleur état de santé physique et mentale possible. Il est de la responsabilité du gouvernement de garantir les soins de santé physique et mentale dont ces personnes ont besoin.

4)     Vers des solutions pérennes : Les places en refuge, même si elles doivent être bonifiées à court terme, devraient seulement être vues comme une solution temporaire. Les objectifs à moyen et long terme doivent être de réduire le besoin pour des refuges à mesure que l’on implante des solutions structurantes multidimensionnelles, incluant la réinsertion sociale et l’accès à des soins de santé adéquats.

5)     Reconnaître l’expertise du terrain : Toute action menée par les gouvernements provincial et municipal dans la lutte à l’itinérance à Gatineau doit inclure les personnes qui vivent ou ont vécu l’itinérance, ainsi que les acteurs du milieu communautaire œuvrant auprès de ces personnes en tant que partenaires égaux, et reconnaître leur expertise en la matière.

 

Pour une action concertée

De toute évidence, l’urgence d’agir ne génère pas les actions qui permettraient de répondre aux besoins en itinérance. Comment contrer la stagnation ?

Bien que nous nous soyons déjà prononcés sur la question, il est malheureusement nécessaire de réitérer que les besoins en ressources supplémentaires sont pressants. Nous attendons des investissements pour plus de ressources humaines et pour le développement de programmes d’insertion graduelle et avec accompagnement dans la vie active.

Malgré cette critique, nous reconnaissons que de multiples intervenants ont travaillé fort à trouver des solutions à une situation très complexe, et ce malgré les défis reliés à la pandémie. Les politicienNEs de tous les paliers de gouvernance doivent collaborer ensemble, et s’assurer d’une gestion responsable en matière de logement social et de lutte à l’itinérance. Le gouvernement possède des moyens dont notre association citoyenne ne dispose pas. Il doit mobiliser ces moyens pour supporter les organismes communautaires et travailler de concert avec eux.

Cependant, il nous apparaît que les circonstances actuelles justifient l’urgence de mettre en œuvre des solutions. Pendant que la vie sociale est en redéfinition majeure et qu’on discute de relance économique au provincial et fédéral, pendant que la Ville de Gatineau s’affaire à redéfinir et accélérer le développement de son centre-ville, il nous apparaît que la conjoncture est propice pour poser des gestes concrets qui tiennent compte de l’ensemble des habitantEs de l’île de Hull et de leurs situations variées.

Voici donc quelques demandes immédiates :

A)     L’annonce d’une solution concertée pour faire face à l’hiver. Nous sommes sérieusement préoccupés du sort de nos concitoyenNEs en situation d’itinérance, qui n’auront forcément pas tous un endroit au chaud où dormir cet hiver.

B)     Structurer une démarche multi-dimensionnelle, évolutive et concertée, à court, moyen et long terme pour faire face aux crises en itinérance et en logement, au-delà de la pandémie.

C)     Que tous les acteurs et actrices politiques et institutionnels réfléchissent, ensemble et en continu, aux contributions concrètes qu’ils et elles peuvent faire, et mettent en œuvre les ressources et le temps pour y arriver.

D)     Intégrer la transparence dans la démarche et s’engager à faire des mises à jour concertées au moins à tous les mois, notamment en mettant en évidence les avancements réalisés par les trois paliers gouvernementaux.

Chaque palier gouvernemental a des responsabilités multiples dans le règlement de ces crises, et chacun a un impact majeur sur l’ensemble de l’action concertée. L’inaction sera dénoncée comme inacceptable et précarisante.

Nous croyons que le moment est opportun pour s'engager dès maintenant dans le vent de changements mélioratifs qui souffle sur les sociétés solidaires et lucides.

 

Cordialement et dans l’attente d’une réponse concertée à nos demandes,

 

Le conseil d’administration de l’ARIH

 

 

Cc :

Alain Godmaire, directeur des programmes en santé mentale et dépendance du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l'Outaouais

Mélissa Roy, Coordonnatrice, Collectif régional de lutte à l'itinérance en Outaouais

Geneviève D'Amours, Directrice par intérim du Service de loisir, sport et développement des communautés de la Ville de Gatineau