À :
Monsieur Greg Fergus, Député de Hull-Aylmer (Canada),
Monsieur Ahmed Hussen, Ministre de la Famille, des Enfants
et du Développement social et Ministre responsable de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement (Canada),
Madame Maryse Gaudreault, Députée de Hull (Québec),
Monsieur Mathieu Lacombe, Ministre responsable de
l’Outaouais (Québec),
Monsieur Lionel Carmant, Ministre délégué à la Santé et aux
Services sociaux,
Madame Andrée Laforest, Ministre des Affaires municipales et
de l’Habitation (Québec),
Monsieur Maxime Pedneaud-Jobin, Maire de la Ville de
Gatineau,
Monsieur Cédric Tessier, Conseiller municipal du district
Hull-Wright (Gatineau),
Madame Renée Amyot, Présidente de la Commission Gatineau,
Ville en santé,
Objet : Itinérance et
logement social sur l’île de Hull – appel à l’action
Messieurs, mesdames,
Chaque
année, l’imminence de l’hiver ravive l’inquiétude à propos de nos concitoyenNEs
en situation d’itinérance. Les membres du conseil d’administration de l’ARIH
sont solidaires envers elles et eux. Comme nous l’avons exprimé plus tôt en
début d’année lors de deux prises de position publiques, notre volonté de
contribuer au mieux-être de l’ensemble des résidentEs de notre quartier ne modère
pas.
L’Association des Résidants de l'Île de Hull ne possède pas les ressources pour enrayer les problèmes liés au manque criant de logement social et à l’itinérance à Gatineau. Par contre, le bien-être de l’ensemble des résidentEs de l’île de Hull, incluant les personnes en situation d’itinérance, est la priorité principale de l’ARIH. Ainsi, notre mission consiste à aider à faire progresser les opportunités, à sensibiliser la population et à convier à l’action les personnes actrices du politique afin de contribuer au mieux-être de l’ensemble de nos concitoyenNEs. Le but de cette nouvelle intervention de notre part est de renouveler notre appel à l’action, une action concertée.
Un peu de contexte
1)
L’urgence
d’agir : nous reconnaissons qu’il y a une crise en itinérance et en
logement social qui provient de décennies de coupures, de manque de soutien et
d’absence d’investissements. Nous reconnaissons aussi l’existence d’autres
problèmes structurels préexistants qui amplifient ces crises, notamment en lien
avec les inégalités sociales, l’impact de la spéculation immobilière sur
l’abordabilité des logements, la santé mentale et l’isolement social.
2)
L’effet
pandémie : La crise de santé publique que nous vivons avec la pandémie de
COVID-19 frappe plus durement les populations vulnérables en plus d’aggraver la
précarité pour davantage de personnes.
3)
Le droit au logement
et le droit à la santé: Ces droits sont consacrés par divers instruments de
droit international qui sont ratifiés par le Canada et le Québec. Or, il appert
que ces droits ne sont pas respectés dans le contexte actuel. Le Gîte ami et le
refuge d’urgence Guertin sont fréquemment pleins. Alors qu’ils sont considérés
comme des options de dernier recours par la Ville de Gatineau et le CISSSO, il
n’y a aucune autre alternative pour les personnes qui s’y voient refuser
l’accès pour raison de manque de places. Avec l’hiver qui approche et les
températures qui descendent sous zéro la nuit, la situation actuelle est
complètement inacceptable. Qui plus est, ces personnes en situation
d’itinérance ne jouissent pas du meilleur état de santé physique et mentale
possible. Il est de la responsabilité du gouvernement de garantir les soins de
santé physique et mentale dont ces personnes ont besoin.
4)
Vers des solutions
pérennes : Les places en refuge, même si elles doivent être bonifiées à
court terme, devraient seulement être vues comme une solution temporaire. Les
objectifs à moyen et long terme doivent être de réduire le besoin pour des
refuges à mesure que l’on implante des solutions structurantes
multidimensionnelles, incluant la réinsertion sociale et l’accès à des soins de
santé adéquats.
5)
Reconnaître l’expertise
du terrain : Toute action menée par les gouvernements provincial et
municipal dans la lutte à l’itinérance à Gatineau doit inclure les personnes
qui vivent ou ont vécu l’itinérance, ainsi que les acteurs du milieu
communautaire œuvrant auprès de ces personnes en tant que partenaires égaux, et
reconnaître leur expertise en la matière.
Pour une action concertée
De toute évidence, l’urgence
d’agir ne génère pas les actions qui permettraient de répondre aux besoins en
itinérance. Comment contrer la stagnation ?
Bien que nous nous soyons déjà
prononcés sur la question, il est malheureusement nécessaire de réitérer que
les besoins en ressources supplémentaires sont pressants. Nous attendons des
investissements pour plus de ressources humaines et pour le développement de
programmes d’insertion graduelle et avec accompagnement dans la vie active.
Malgré cette critique, nous
reconnaissons que de multiples intervenants ont travaillé fort à trouver des
solutions à une situation très complexe, et ce malgré les défis reliés à la
pandémie. Les politicienNEs de tous les paliers de gouvernance doivent
collaborer ensemble, et s’assurer d’une gestion responsable en matière de
logement social et de lutte à l’itinérance. Le gouvernement possède des moyens
dont notre association citoyenne ne dispose pas. Il doit mobiliser ces moyens
pour supporter les organismes communautaires et travailler de concert avec eux.
Cependant, il nous apparaît que
les circonstances actuelles justifient l’urgence de mettre en œuvre des
solutions. Pendant que la vie sociale est en redéfinition majeure et qu’on
discute de relance économique au provincial et fédéral, pendant que la Ville de
Gatineau s’affaire à redéfinir et accélérer le développement de son
centre-ville, il nous apparaît que la conjoncture est propice pour poser des
gestes concrets qui tiennent compte de l’ensemble des habitantEs de l’île de
Hull et de leurs situations variées.
Voici
donc quelques demandes immédiates :
A)
L’annonce d’une
solution concertée pour faire face à l’hiver. Nous sommes sérieusement
préoccupés du sort de nos concitoyenNEs en situation d’itinérance, qui n’auront
forcément pas tous un endroit au chaud où dormir cet hiver.
B)
Structurer une
démarche multi-dimensionnelle, évolutive et concertée, à court, moyen et long
terme pour faire face aux crises en itinérance et en logement, au-delà de la
pandémie.
C)
Que tous les acteurs
et actrices politiques et institutionnels réfléchissent, ensemble et en
continu, aux contributions concrètes qu’ils et elles peuvent faire, et mettent
en œuvre les ressources et le temps pour y arriver.
D)
Intégrer la
transparence dans la démarche et s’engager à faire des mises à jour concertées
au moins à tous les mois, notamment en mettant en évidence les avancements
réalisés par les trois paliers gouvernementaux.
Chaque palier gouvernemental a des responsabilités multiples
dans le règlement de ces crises, et chacun a un impact majeur sur l’ensemble de
l’action concertée. L’inaction sera dénoncée comme inacceptable et
précarisante.
Nous croyons que le moment est opportun pour s'engager dès
maintenant dans le vent de changements mélioratifs qui souffle sur les sociétés
solidaires et lucides.
Cordialement et dans l’attente
d’une réponse concertée à nos demandes,
Le conseil d’administration de l’ARIH
Cc :
Alain Godmaire, directeur des programmes en santé
mentale et dépendance du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS)
de l'Outaouais
Mélissa Roy, Coordonnatrice, Collectif régional de
lutte à l'itinérance en Outaouais
Geneviève D'Amours, Directrice par intérim du Service
de loisir, sport et développement des communautés de la Ville de Gatineau